La traduction comme source de découverte et de création

Type d'annonce: 
Appel à communications
Lieu: 
Saint-Etienne
Date du colloque: 
Vendredi, 17 Juin 2016 - Samedi, 18 Juin 2016
Institution(s): 

Université Jean Monnet de Saint-Etienne

Allhis

Discipline(s): 
Grec
Discipline(s): 
Latin
Discipline(s): 
Linguistique
Discipline(s): 
Toutes disciplines littéraires
Organisateur(s): 

Anne Béchard-Léauté et Sylvain Trousselard

Programme: 

 

 

APPEL A COMMUNICATION

COLLOQUE INTERNATIONAL

 

17 et 18 juin 2016

 

LA TRADUCTION COMME SOURCE DE DÉCOUVERTE ET DE CRÉATION

 

Université Jean Monnet de Saint-Etienne

Coordination : Anne Béchard-Léauté et Sylvain Trousselard

La traductologie examine inlassablement les sources de la traduction. Ces études comportent pour toile de fond des débats très relatifs sur la fidélité ou la trahison dont le traducteur fait preuve, qu'il soit « sourcier » ou « cibliste », à savoir qu’il privilégie la langue de départ ou la langue d’arrivée. La traductologie s'intéresse également aux ressources de la traduction en analysant les outils lexicographiques que sont les dictionnaires ou autres glossaires. L'exposition "(res)sources de la traduction », présentée récemment à la Bibliothèque universitaire de Lille iii, en est un bel exemple. En revanche, il est moins courant d'approcher la traduction en tant que source, à savoir s'intéresser non pas aux sources de la traduction, mais à la traduction comme source, ce qui sera l'objet de ce colloque.

En préambule, une approche historique semble incontournable, car dès l'Antiquité, la traduction fut source de découvertes et de création. Cet axe diachronique portera par exemple sur les textes ayant permis de connaître des langages ou des textes disparus ou jusqu'alors indéchiffrés. On pense d'emblée à l'exemple de traduction le plus célèbre de l'Antiquité, la Pierre de Rosette, qui permit à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. On pourra également se pencher sur des traductions de textes perdus, par exemple la traduction de Cicéron des discours d'Eschine et de Démosthène, auquel d'autres textes font référence.

Pourtant, au delà de ces cas de découvertes ou de disparitions, on constatera aussi que, dès l'Antiquité, l'alternance historique entre traduction littérale et traduction libre favorisa un processus de création issu d’un acte de traduire encore pérenne. Dans une approche plus contemporaine comportant une réflexion élargie sur la tâche du traducteur, nous aborderons ainsi non seulement la traduction comme source de découvertes mais aussi comme source de création. De fait, la traduction ne se limite jamais à une simple transposition de sens littéral mais constitue une véritable re-création, au sens propre d'une seconde vie du texte, à laquelle vient parfois s’ajouter une véritable descendance, dans le cas d’œuvres célèbres imitées ou constamment retraduites. On s'attardera par exemple sur les recréations de l'époque romaine qui s'inspirèrent de textes grecs prestigieux, dans une activité de traduction-imitation qui sera reprochée à des auteurs comme Plaute ou Térence. Sans aller jusqu'à l'imitation, la traduction fonctionne aussi par échos puisqu'elle permet, par la prolifération de ses multiples, d'inspirer d'autres auteurs. Les reproches qu’on a pu faire aux traducteurs-imitateurs seront, au Moyen Âge, perçus comme des vertus : Bono Giamboni, par exemple, cite, imite et reprend Prudence sans mentionner sa source. On ne saurait aujourd'hui critiquer des auteurs comme Shakespeare, Molière ou La Fontaine d'avoir abondamment puisé dans ces sources antiques, souvent d'ailleurs par le biais de traductions. On pourrait ainsi revisiter le succès révolutionnaire du Tristram Shandy de Laurence Sterne chez ses confrères européens, comme Diderot ou Pouchkine, qui connurent cette œuvre uniquement en traduction. Nous verrons ainsi que, quelle que soit son degré de fidélité, la traduction sert toujours d'élément de base à la transformation d'un héritage en une culture nouvelle.

La traduction fut aussi source d'inspiration dans des circonstances plus tragiques qui conduisirent à la censure et qui demanderont à être rappelées dans le cadre de ce colloque. Par exemple, sous le fascisme italien, de nombreux auteurs se retrouvant au chômage ou sans éditeur eurent recours à la traduction d'abord comme pis-aller, puis comme moyen d'expression. Americana, une anthologie de littérature américaine publiée en 1941 chez Bompiani sous la direction d’Elio Vittorini eut pour traducteurs des auteurs aussi prestigieux qu’Eugenio Montale, Alberto Moravia ou encore Cesare Pavese. Les préfaces et annotations de Vittorini déplurent au Ministero di cultura popolare qui les censura mais qui accepta finalement la traduction, d’abord dépourvue de commentaires, puis préfacée l’année suivante par Emilio Cecchi, auteur jugé moins subversif. Un même phénomène fut observé en Union soviétique du temps de la Guerre froide où, selon le linguiste et théoricien de la traduction Efim Etkin, les poètes russes « communiquèrent avec leur lectorat par l’intermédiaire de leurs traductions de Goethe, Shakespeare, Orbéliani et Hugo ». Ces auteurs réduits au silence traduisirent pour continuer de se faire entendre tout en faisant silence sur une œuvre que, dans le meilleur des cas, ils continuaient secrètement d’écrire. Ainsi, malgré la censure, la traduction, cette deuxième voie, devint désespérément source d'écriture. On pourra alors également présenter comme source la traduction d'un texte qui ne put jamais être publié dans son pays et dans sa langue originale.

C’est par le biais d’une approche résolument transversale qu’on étudiera enfin la traduction comme source de création dans des domaines autres que la littérature. Par exemple, dans le domaine des arts et plus particulièrement du livre d'artiste, la traduction est non seulement une source de création mais aussi un véritable outil expérimental. De fait, l'ambition universelle du livre d'artiste s'accompagne souvent d'expériences linguistiques ; la traduction s'écarte alors diamétralement de son rôle traditionnel de passage pour devenir un dispositif allant démultiplier le concept initial de l'œuvre pour l'élargir. Dans cet espace expérimental de nouvelles écritures qu'est le livre d'artiste, la traduction n'est plus seulement un outil conceptuel, elle devient source de créativité. Pour exemple, il existe de nombreux livres d'artistes emblématiques comme les 10 premiers nombres classés par ordre alphabétique de Claude Closky, dont l'ordre est inévitablement bouleversé, précisément par le jeu du classement alphabétique, par son passage à la langue anglaise qui crée alors une œuvre autre : The First Thousand Numbers Classified in Alphabetical Order.

Dans un souci d'ouverture et d'échange propre au séminaire interdisciplinaire ALLhis, ce colloque accueillera autant les communications historiques ou pratiques que les interventions d'ordre théorique. Ainsi, on pourra également étudier les travaux d'auteurs allant à l'encontre de la conception traditionnelle de la traduction comme pratique ancillaire. Des auteurs tels que Walter Benjamin, Antoine Berman, Jacques Derrida, Henri Meschonnic, Valery Larbaud et Paul Ricœur ont permis de revoir la hiérarchie du passage de l’œuvre à sa traduction, redonnant un rôle principal à celle-ci et la transformant en source d'inspiration. Pour ces auteurs, si la traduction doit toujours accompagner le texte original, elle n'est plus subalterne à ce dernier ; le passage à l'acte de traduire acquiert dès lors une véritable valeur de (re-)création de l’œuvre, dans ce que Berman qualifie de nouvelle visée traductive. Meschonnic souligne aussi le rôle de créateur du traducteur lorsqu’il le décrit comme « sourbliste » ou « circier » plutôt que comme sourcier ou cibliste. À l’encontre des herméneutes confondant selon lui langue et langage, Meschonnic souhaitait sortir de cette « opposition dramatique » entre langue de départ et d’arrivée. Ce fut pour lui une question programmatique, la traduction devant immanquablement transcrire le rythme, ce « poème de la pensée ». Enfin, tout en reconnaissant cette propension créative du traducteur, Ricœur l’évoque en même temps comme un risque quand il écrit que la « trahison créatrice de l'original, [est l’]appropriation également créatrice par la langue d'accueil : construction du comparable ».

Les propositions de communication (un titre, un abstract de 500 mots maximum, une bio-bibliographie de 10 lignes maximum et 5 mots-clés en anglais ou en français) seront à envoyer pour le 25 juin 2015, délai de rigueur, à

Anne Béchard-Léauté : anne.francoise.leaute@univ-st-etienne.fr

et

Sylvain Trousselard : sylvain.trousselard@orange.fr

Le Comité scientifique se réunira en juin pour établir le programme des communications du colloque. Les réponses seront communiquées pour le 15 juillet 2015.

Les communications ne devront pas excéder 20/25 minutes afin que chaque intervention puisse donner lieu à une discussion ouverte. Cette obligation devra être strictement respectée par les participants. Les langues des communicants seront l’anglais, l’italien ou le français.

A l’issue du colloque, les intervenants seront invités à transmettre une version rédigée de leur communication. Cette dernière fera l’objet d’une expertise en vue d’une publication des actes dans les « Cahiers d’Allhis » aux éditions Chemins de tr@verse.

Comité scientifique : Anne Béchard-Léauté, Isabelle Baudino, Elisa Bricco, Sandrine Coin-Longeray, Yona Dureau, Rosa Fréjaville, Florence Garambois, Gérard Gâcon, Simina Mastacan, Christian Roinat, Sylvain Trousselard.

Comité d’organisation : Anne Béchard-Léauté, Sandrine Coin-Longeray, Isabelle Furnion et Sylvain Trousselard.

 

 

CALL FOR PAPERS

INTERNATIONAL CONFERENCE

 

June 17th-18th, 2016

TRANSLATION AS A SOURCE OF DISCOVERY AND CREATION

 

Jean Monnet University, Saint-Etienne, France

Dr Anne Béchard-Léauté and Dr Sylvain Trousselard

Translation studies repeatedly examine the sources of translation. These studies are based on very relative debates concerning the degree of accuracy or misrepresentation displayed by the translator; whether he is “source based” or “target based”; specifically, does he favour the original source language or the target language. Translation studies also examine translation resources by analysing lexicographical tools such as dictionaries and other glossaries. The recent exhibition at the Lille III University Library, “Translation (Re)sources” is a good example. It is less usual, on the other hand, to consider translation as a source; in other words, not to review the sources of translation, but translation as a source, and this will be the subject of the conference.

As a preamble, a historical approach must be considered essential, since from ancient times translations have been a source of discovery and creation. This diachronic approach will deal for example with texts which have allowed previously lost or un-deciphered languages and manuscripts to be identified. We can immediately think of the most famous translation of antiquity, the Rosetta stone, which enabled Champollion to decipher the hieroglyphics. We can also look into translations of lost texts; Cicero’s translation of the speeches of Eschine and Demosthenes, for example, referred to in other texts.

In addition to these instances of discovery or disappearance, we will also note that from ancient times the historical alternation between literal translation and free translation favoured a still perennial process of creation stemming from the act of translating. With a more contemporary approach, including a broader reflection on the mission of the translator, we will also look at translation not only as a source of discovery, but also as a source of creation. Translation in fact is never limited to a simple transposition of literal meanings, but constitutes a veritable re-creation, imparting in the literal sense a second life to the text, from which sometimes spring actual descendants in the case of imitations or repeated re-translations of famous works. We will dwell for example on recreations from Roman times, inspired by renowned Greek texts, in an activity of translation-imitation for which authors such as Plautus or Terence have been criticized. Without going as far as actual imitation, translation also functions by echos, since it provides inspiration for other authors with the proliferation of its multiples. The criticisms we could make about translators-imitators will be perceived as virtues in the Middle Ages: Bonne Giamboni, for example, cites, copies and re-works Prudentius without mentioning his source. Today we can hardly criticise authors such as Shakespeare, Moliere or La Fontaine for having copiously drawn on ancient sources, often in fact through translations. We could also review the revolutionary success of Tristram Shandy by Laurence Sterne among his European contemporaries, such as Diderot or Pushkin, who only knew this work in translated form. We will thus see that whatever its degree of accuracy, a translation always serves as a basic element for transforming a heritage into a new culture.

Translation was also a source of inspiration in more tragic circumstances, characterised by censorship, and deserves to be recalled in the context of this conference. Under Italian fascism for example, numerous authors, finding themselves out of work or without a publisher, resorted to translation, initially as a stop-gap measure, and then as a means of expression. Translators for Americana, an anthology of American literature published in 1941 by Bompiana, under the editorship of Elio Vittornio, included such prestigious authors as Eugenio Montale, Alberto Moravia or Cesare Pavese. Vittorini’s prefaces and annotations were not to the liking of the Ministero di cultura popolare and were censored, but the translation was finally accepted, stripped to begin with of any commentaries, then prefaced the following year by Emilio Cecchi, an author considered to be less subversive. The same phenomenon was observed in the Soviet Union during the Cold War, where, according to the linguist and translation theoretician, Efim Etkin, Russian poets “communicated with their readers through their translations of Goethe, Shakespeare, Orbeliani and Hugo”. Reduced to silence, these authors translated to continue to be heard, while remaining silent about their own works, which at best they continued secretly to write. Despite censorship, translation, as an alternative path, despairingly became a writing source. We will also consider as a source the translation of a text which was never able to be published in its country and in its native language.

It is with a resolutely transversal approach that we will finally study translation as a source of creation in fields other than literature. In the field of the arts for example, and in particular the artist’s book, translation is not only a source of creation but a real experimental tool. Indeed, the universal ambition of the artist’s book is often associated with linguistic experiments; translation hence diverges diametrically from its traditional transmission role to become a mechanism reinforcing and expanding the initial concept of the work. In this experimental zone of new writing which the artist’s book represents, translation is no longer just a conceptual tool; it becomes a source of creativity. There are for example several emblematic artist’s books, such as the “10 premiers nombres classés par ordre alphabétique” by Claude Closky, where the order is inevitably disrupted, with its transformation into the English language, precisely because of its alphabetic classification, thus creating an entirely different work: The First Thousand Numbers Classified in Alphabetical Order.

In keeping with the spirit of openness and exchange, particular to the ALLhis inter-disciplinary seminar, this conference will host both historical and practical communications and theoretical contributions. We will thus be able to study the works of authors running counter to the traditional conception of translation as an ancillary practice. Authors such as Walter Benjamin, Antoine Berman, Jacques Derrida, Henri Meschonnic, Valery Larbaud and Paul Ricœur have contributed to a review of the hierarchy governing the transmission from the work to its translation, restoring its principal role and transforming it into a source of inspiration. If for these authors, a translation should always be accompanied by the original text, it is not subordinate to this text. The actual act of translation thus acquires a real value of (re-)creation of the work, in what Berman describes as “Nouvelle visée traductive” or new translational design. Meschonnic also underlines the creative role of the translator, describing it as a “source-target” or “target-source” role rather than “source based” or “target based”. Contrary to hermeneutics, which in his opinion confuse the (native) tongue and language, Meschonnic wanted to get away from this “dramatic opposition” between the original source language and the target language. For him it was a programmatic question, with the translation having inevitably to transcribe the rhythm, this “poem of thought”. Finally, while recognizing the creative propensity of the translator, Ricœur also evokes this role as a risk, when he writes that “the creative misrepresentation of the original [is the] equally creative appropriation by the target language: construction of the comparable” (« trahison créatrice de l'original, [est l’]appropriation également créatrice par la langue d'accueil : construction du comparable »).

 

Submission Guidelines

Please submit your 500-word abstract before June 25th, 2015 to:

Dr Anne Béchard-Léauté : anne.francoise.leaute@univ-st-etienne.fr

And

Dr Sylvain Trousselard : sylvain.trousselard@orange.fr

Proposals can be in English or French and should include a title, a short bio-bibliography –c. 10 lines– and contact information.

The Scientific Committee will meet up in June to set the schedule of presentations. The official outcomes of the selection process will be announced by July 15th, 2015.

Each presentation will last no more than 25 minutes so as to ensure an open discussion among all participants. The languages of the conference are English, Italian and French.

After the conference, the participants will be encouraged to submit full-length papers which will be assessed by the Scientific Committee for publication in a special issue of Cahiers d’Allhis, Chemins de tr@verse.

 

Scientific Committee

Anne Béchard-Léauté, Isabelle Baudino, Elisa Bricco, Sandrine Coin-Longeray, Yona Dureau, Rosa Fréjaville, Florence Garambois, Gérard Gâcon, Simina Mastacan, Christian Roinat, Sylvain Trousselard.

Organising Committee

Anne Béchard-Léauté, Sandrine Coin-Longeray, Isabelle Furnion and Sylvain Trousselard.

 

 

CALL FOR PAPER

CONVEGNO INTERNAZIONALE

17 e 18 giugno 2016

LA TRADUCTION COMME SOURCE DE DÉCOUVERTE ET DE CRÉATION

Université Jean Monnet de Saint-Etienne

Coordinazione : Anne Béchard-Léauté et Sylvain Trousselard

 

Indefessamente, la traduttologia esamina le fonti della traduzione. Tali studi si collocano sullo sfondo dei dibattiti sulla fedeltà o il tradimento dimostrato dal traduttore, sia esso sourcier o cibliste, ossia che favorisca la lingua di origine o quella di arrivo. La traduttologia si interessa anche alle risorse della traduzione, analizzando gli strumenti lessicografici come i dizionari o altri glossari. La mostra “(Res)sources de la traduction”, che si è tenuta recentemente alla Biblioteca dell’università di Lille III, ne offre un buon esempio. Meno comune è invece affrontare la traduzione come fonte, vale a dire interessarsi non tanto alle fonti della traduzione, ma alla traduzione in quanto fonte, tema di questo convegno.

L’approccio storico sembra una premessa necessaria, poiché, fin dai tempi antichi, la traduzione è stata fonte di scoperta e di creazione. Questa prospettiva diacronica consentirà di prendere in esame, per esempio, le traduzioni che hanno consentito di conoscere lingue o testi scomparsi, o fino allora rimasti indecifrati. Si pensi al caso più famoso, la Stele di Rosetta, che ha permesso a Champollion di decifrare i geroglifici. Si potranno anche considerare le traduzioni di testi perduti, come ad esempio la traduzione di Cicerone dei discorsi di Demostene e Eschine, a cui fanno riferimento altri testi.

Ma, al di là da questi casi di scoperte e di sparizioni, si constaterà che, fin dai tempi antichi, l’alternanza storica fra traduzione letterale e traduzione libera ha favorito un processo creativo risultante dall’atto stesso di traduzione, che continua tuttora. Secondo un approccio più contemporaneo, che implica una riflessione più ampia sul ruolo del traduttore, ci interesseremo alla traduzione non solo come fonte di scoperta ma anche come fonte creativa. Infatti, la traduzione non si limita mai a una semplice trasposizione parola per parola, ma è una ri-creazione, nel senso letterale di seconda vita del testo, che talvolta viene a aggiungersi a una vera e propria discendenza, nel caso di opere famose costantemente imitate o riconvertite. Ci soffermeremo ad esempio sulle ricreazioni di epoca romana che si sono ispirate a testi greci prestigiosi, in un’attività di traduzione-imitazione che sarà rimproverata a autori come Plauto o Terenzio. Senza arrivare all’imitazione, la traduzione funziona anche per echi quando, con la proliferazione dei suoi multipli, permette di ispirare altri autori. Le critiche che si sono potute muovere contro i traduttori-imitatori nel Medioevo erano considerate virtù: Bono Giamboni per esempio cita, imita e riprende Prudenzio senza minimamente menzionare la sua fonte. Né oggi penseremmo mai di biasimare Shakespeare, Molière, La Fontaine per aver abbondantemente attinto alle loro fonti antiche, spesso anche attraverso traduzioni. E si potrebbe anche rivisitare il successo rivoluzionario di Tristram Shandy di Laurence Sterne presso i suoi omologhi europei, come Diderot e Puskin, che conobbero questo libro solo in traduzione. Si vedrà così che, indipendentemente dal suo grado di fedeltà, una traduzione serve sempre in quanto elemento base per la trasformazione di una tradizione in una nuova cultura.

La traduzione è stata fonte d’ispirazione anche in circostanze più tragiche che hanno portato alla censura e che andranno considerate nell’ambito del convegno. In Italia ad esempio, durante il fascismo, molti autori, trovandosi disoccupati o senza editore, dovettero fare ricorso alla traduzione prima come espediente, poi come mezzo di espressione. Americana, un’antologia di letteratura americana pubblicata nel 1941 da Bompiani sotto la direzione di Elio Vittorini, ebbe come traduttori autori prestigiosi quali Eugenio Montale, Alberto Moravia e Cesare Pavese. Le introduzioni e annotazioni di Vittorini dispiacquero al Ministero di Cultura Popolare, che le biasimò, ma alla fine accettò le traduzioni, prima senza commenti, poi, l’anno successivo, con le prefazioni di Emilio Cecchi, autore considerato meno sovversivo. Lo stesso fenomeno è stato osservato in Unione Sovietica durante la Guerra Fredda, quando, secondo il linguista e teorico della traduzione Efim Etkin, i poeti russi “comunicarono con il pubblico attraverso le loro traduzioni di Goethe, Shakespeare, Orbeliani e Hugo”. Questi autori messi a tacere tradussero per continuare a fare sentire la propria voce pur passando sotto silenzio un’opera che, nel migliore dei casi, continuarono a scrivere in segreto. Così, nonostante la censura, la traduzione, questa seconda via di espressione, divenne, disperatamente, fonte di scrittura. Considereremo quindi anche come fonte la traduzione di un testo che non ha potuto essere pubblicato nel proprio paese e nella lingua d’origine.

È attraverso un approccio realmente trasversale che si intende studiare la traduzione come fonte di creazione anche in altri campi oltre quello letterario. Ad esempio, nel campo delle arti e più specificamente col libro d’artista, la traduzione non è solo fonte di creazione, ma vero e proprio strumento sperimentale. Infatti, l’ambizione universale del libro d’artista è spesso accompagnata da esperienze linguistiche; la traduzione si allontana allora diametralmente dal suo tradizionale ruolo di trasposizione per diventare un dispositivo che moltiplica il concetto iniziale dell’opera e lo espande. In questo spazio sperimentale di nuove scritture che è il libro d’artista, la traduzione non è più solo uno strumento concettuale, ma diventa fonte di creatività. Ad esempio, ci sono molti libri d’artista emblematici come Les 1000 premiers nombres classés par ordre alphabétique di Claude Closky, il cui ordine è inevitabilmente sconvolto, proprio per il gioco di classificazione alfabetica, che passando alla lingua inglese crea poi un’altra opera: The First Thousand Numbers Classified in Alphabetical Order.

Nella prospettiva di apertura e di scambio propria del seminario interdisciplinare ALLhis, saranno accolti tanto gli studi di caso (storici e pratici) che le proposte di carattere più generale e teorico. Si potrà così studiare anche l’opera di scrittori che si oppongono al concetto tradizionale della traduzione come pratica ancillare. Autori come Walter Benjamin, Antoine Berman, Jacques Derrida, Henri Meschonnic, Valery Larbaud e Paul Ricoeur hanno permesso di ripensare la gerarchia del passaggio dall’opera alla sua traduzione, riattribuendo a quest’ultima un ruolo chiave e trasformandola in fonte d’ispirazione. Per questi autori, se la traduzione deve sempre accompagnare il testo originale, non è più subordinata ad esso; la transizione attraverso l’atto del tradurre acquisisce un vero valore di (ri)-creazione dell’opera, in quello che Berman qualifica come «nuovo orizzonte traduttivo». Meschonnic rileva anche il ruolo creativo del traduttore quando lo descrive come “sourbliste” o “circier” piuttosto che come sourcier o cibliste. Opponendosi agli ermeneuti che, secondo lui, confondono lingua e linguaggio, Meschonnic voleva uscire da questa “drammatica opposizione” tra la lingua di partenza e di arrivo. Per lui era una questione programmatica, poiché la traduzione doveva inevitabilmente trascrivere il ritmo, questa “poesia del pensiero”. Infine, pur riconoscendo al traduttore una propensione creativa, Ricoeur la evoca allo stesso tempo come rischio quando scrive che “il tradimento creativo dell’originale, [è l’] appropriazione ugualmente creativa attraverso la lingua di arrivo: costruzione del comparabile”.

Le proposte di comunicazione (il titolo, un riassunto di 500 parole massimo, una bio-bibliografia di 10 righe massimo e 5 parole chiave redatti in inglese o in francese) dovranno essere inviate entro il 25 giugno 2015 (nessuna proroga verrà concessa), a

Anne Béchard-Léauté : anne.francoise.leaute@univ-st-etienne.fr

e

Sylvain Trousselard : sylvain.trousselard@orange.fr

Il comitato scientifico si riunirà a giugno per elaborare il programma degli interventi del convegno. Le risposte verranno comunicate entro il 15 luglio 2015.

Le comunicazioni non dovranno oltrepassare 20/25 minuti di modo che ogni intervento possa dar luogo ad una discussione. I comunicanti dovranno rispettare scrupulosamente questo obbligo. Le lingue per gli interventi sono l’inglese, il francese o l’italiano.

Dopo il convegno, i relatori dovranno trasmettere il testo del loro intervento. Il comitato scientifico si occuperà delle idonee perizie per la futura pubblicazione nei « Cahiers d’Allhis » presso la casa editrice Chemins de tr@verse.

 

Comitato scientifico

Anne Béchard-Léauté, Isabelle Baudino, Elisa Bricco, Sandrine Coin-Longeray, Yona Dureau, Rosa Fréjaville, Florence Garambois, Gérard Gâcon, Simina Mastacan, Christian Roinat, Sylvain Trousselard.

Comitato organizzativo

Anne Béchard-Léauté, Sandrine Coin-Longeray, Isabelle Furnion et Sylvain Trousselard.