Réunion du 8 janvier 2011

Le: 
Mardi, 11 Janvier, 2011

COMPTE RENDU DU BUREAU DU 8 JANVIER 2011

 

Présents : Robert Alessi, Marie-Thérèse Cam, Isabelle Cogitore, Régis Courtray, Jean-Yves Guillaumin, Marie-Françoise Marein, Marie-Pierre Noël, Fabrice Poli, Pierre Pontier.

Excusés : Alain Billault, Frédéric Le Blay (membre invité), Jean-François Tardien, Patrick Voisin.

Absent : Éric Foulon.

 

Le Président, Jean-Yves Guillaumin, ouvre la séance à 10h30.

 

1) Aspects financiers

Fabrice Poli regrette que l’Association ait ses comptes dans deux établissements bancaires différents : un livret A à la Caisse d’Épargne (env. 40 000 €) et un compte courant à la Banque Postale. Il conviendrait de regrouper les deux comptes sur un même établissement. Pour le moment, les démarches entreprises auprès de la Banque Postale et de la Caisse d’Épargne n’ont pas abouti.

Jean-Yves Guillaumin demande comment l’APLAES pourrait utiliser au mieux l’argent qui dort sur le livret A : le Bureau suggère la possibilité de prendre en charge une partie des frais des doctorants et des jeunes collègues pour leur participation à un Congrès de l’APLAES. Il conviendrait de faire savoir, avant le prochain Congrès, que l’APLAES pourra aider, de manière forfaitaire, certains de ses membres qui rencontreraient des difficultés financières.

 

2) Le point sur la situation (nouveautés oral CAPES ; masters ; pôles d’excellence ; état des lieux en classes supérieures préparatoires ; Forum des sociétés savantes ; audience au ministère)

Dans la situation que nous vivons actuellement, et elle n’est pas belle, tout se tient : dysfonctionnement des nouveaux masters, nouveaux CAPES qui ne sauraient nous satisfaire, restriction des possibilités de fonctionnement de nos enseignements et de nos recherches, dans les universités. Cette restriction est dissimulée sous les grands mots de « pôles d’excellence », de « laboratoires d’excellence », d’« initiatives d’excellence » : l’excellence a bon dos, qui permettra à quelques-uns de faire leurs choux gras, et plongera les autres dans la pénurie, les orientant sur la voie de garage de « collèges universitaires » dispensant une petite formation de base à des étudiants promis à un petit avenir. L’excellence couvre aussi les « mutualisations » dont le nom est dévoyé, car un plus un n’y font pas deux, mais toujours un, et même moins à terme. D’un côté on fait l’éloge de Madame de Romilly et de ses chères humanités classiques, de l’autre on rend la situation toujours plus invivable pour lesdites humanités, toujours méprisées davantage au nom d’une logique purement économique et mercantile, à laquelle toute référence à l’humanisme est étrangère. On ne veut pas payer pour le latin et pour le grec, ni pour l’histoire, ni pour la philosophie, ni… Ce n’est plus la connaissance et la réflexion que l’on pense devoir développer chez les étudiants et chez les élèves, mais la « compétence ». Il est inutile de se livrer ici à de longs développements. Chacun de ceux qui travaillent régulièrement sur le terrain a tout loisir de les compléter, et il n’y a malheureusement pas plusieurs façons de le faire.

On n’a jamais vu un pareil écroulement du nombre d’inscriptions aux concours de l’enseignement en l’espace de quelques mois. On passe de quelque chose comme 38000 inscrits à la session 2010 à quelque chose comme 21000 inscrits à la session 2011. Les concours de Lettres classiques sont touchés, mais ils sont loin d’être les seuls. Ces chiffres sont effroyables et ont de quoi interroger les responsables du système éducatif français. Si les inscriptions de candidats aux concours baissent encore (et ce n’est pas impossible, même si certains, considérant que cette année est une année transitoire, se disent persuadés qu’elles remonteront — mais dans quelle mesure remonteront-elles ? il y a tant à rattraper), le gouvernement ne trouvera plus assez d'enseignants, sauf à puiser dans un vivier de M2. Est-ce alors seulement que les associations de parents réagiront ? Il sera bien tard. Dans l’immédiat (dans l’immédiat, vraiment), il est urgent de se poser la question très simple : pourquoi cette fuite ? À vrai dire, les réponses ne sont pas bien difficiles à trouver. Tout cela était en germe dans la réforme de « mastérisation » qui a été imposée malgré l’opposition de toute la communauté universitaire. Dysfonctionnement de masters nouveaux que l’on avait présentés comme le progrès du siècle ; incertitude sur la nature des épreuves des concours, notamment au CAPES de Lettres classiques (l’oral devrait n’être plus exactement le même en 2012 qu’en 2011, mais rien ne semble avoir été encore nettement précisé à l’intention des candidats futurs) ; grand écart, pour les étudiants de master, entre la dimension de « recherche » et l’obligation follement imposée d’acquérir en même temps une « formation professionnelle », dans des conditions de précarité, d’improvisation et de superficialité inévitables dès lors que l’on a choisi de faire « l’économie » de l’année de stage après la réussite au concours ; il faut ajouter l’expérience vécue des jeunes lauréats de 2010, immédiatement préposés à l’accomplissement d’un service complet à la rentrée de la même année, expérience qu’ils diffusent auprès de leurs cadets, avec un fort effet dissuasif… Le gâchis humain est impressionnant et désespérant, nous le voyons tous dans nos contacts avec nos étudiants de l’an dernier et avec ceux de cette année. Dépression pour les premiers, écœurement pour les seconds. Le bilan est terrible. Il faudrait, tandis qu’il en est encore temps, arrêter la machine infernale et se donner plusieurs années pour réfléchir longuement sur ce qu’il faut faire. Cette question vraiment vitale pour le pays devrait être au cœur des préoccupations de tous les politiques. Si l’on veut des professeurs motivés et compétents, et si on les veut en nombre suffisant, on a pris une très mauvaise voie. Pour l’APLAES, si la formation professionnelle est indispensable pour les nouveaux professeurs (mais doit être dispensée pendant la première année d’exercice après le concours, une année considérablement allégée en tâches d’enseignement proprement dites), la formation d’un professeur, par le cursus de master, doit accorder une large place à la recherche (qui est d’ailleurs, faut-il le rappeler, la finalité première d’un master, étape préliminaire à la thèse : parler de « masters d’enseignement » est un non-sens, si on les oppose à des masters « de recherche ») ; c’est elle qui donne les salutaires réflexes de remise en question permanente de ce que l’on dit et enseigne, c’est elle qui développe l’esprit d’initiative intellectuelle, c’est elle qui permet de voir sur quels fondements scientifiques repose l’édifice de ce que l’on aura à faire partager dans une classe.

Le Bureau proposera au Comité, ce 8 janvier 2011, la rédaction de plusieurs textes. Il s’agira de motions portant sur les points à propos desquels la politique actuellement suivie en matière d’enseignement supérieur et de recrutement dans le secondaire ne saurait être approuvée par l’APLAES.

Ces motions seront immédiatement envoyées aux ministres concernés et autres destinataires souhaitables, et une audience prévue le 27 janvier (après deux reports de dates antérieures fixées par le cabinet du ministre de l’éducation) permettra de remettre en main propre et de commenter celles qui touchent aux questions relatives au CAPES.

Elles condamneront l’emploi corrompu et restrictif du terme d’« excellence » pour privilégier quelques gros centres d’enseignement et de recherche, laissant croire qu’il n’y a que peu d’excellence dans l’Université française et portant à admettre, en conséquence, que tout l’enseignement universitaire et la recherche, sauf dans le cas de quelques heureux élus, est d’une telle médiocrité qu’il ne mérite qu’une seule chose, qu’on l’y abandonne. Elles s’élèveront contre l’obstination à faire (dys)fonctionner des masters qui déroutent et dégoûtent tout le monde, professeurs et étudiants. Elles suggéreront des idées applicables au nouveau CAPES de Lettres classiques une fois mise en œuvre la décision d’y introduire un tirage au sort entre français et langues anciennes à l’oral. Elles demanderont le rétablissement, à la faveur d’une période d’ajustement qui suivra nécessairement la première session des nouveaux CAPES, d’une épreuve de langue ancienne dans le CAPES de Lettres modernes : les langues anciennes doivent être obligatoires dans la formation de tous les enseignants de Lettres.

Tout cela doit être replacé sur l’arrière-fond constitué par l’opinion publique. Il est extraordinaire de voir que, lors du décès d’une grande helléniste, les hommages sont unanimes, et unanime l’exaltation de l’apport humaniste des études classiques, mais qu’en même temps la destruction continue, et pas seulement celle des études classiques. Les seuls critères retenus sont ceux de la « rentabilité », en tous les sens du mot, qui se ramènent tous à la même notion étroite et grise. On a entendu la Secrétaire perpétuelle de l’Académie française dire que le plus bel hommage à Jacqueline de Romilly serait de donner aux études classiques toute l’emprise qui doit être la leur dans le champ éducatif. Mais chacun peut constater le grand écart entre les déclarations des plus hauts responsables et le fonctionnement des choses dans la réalité. L’utilité sociale elle-même des enseignements que nous dispensons, absolument indiscutable dans une société « multiculturelle » et éclatée sous l’action de facteurs divers, ne semble pas comprise. Le même écart s’observe dans les comportements du grand public : admiration peut-être sincère de ce que nous représentons (prestige per se d’une langue comme le grec), et en même temps souci de veiller, dans l’éducation scolaire des enfants, à ce qu’ils ne fassent que des options « utiles » (c’est-à-dire pas les nôtres). Où sont les inspirateurs de cette « pensée », et qui sont les ennemis ?

Une initiative encore assez récente a paru au bureau de l’APLAES être riche de potentialités de résistance et de proposition, c’est la constitution en « forum » de toutes les sociétés de spécialistes (« sociétés savantes »). Plus de cinquante associations se sont fait représenter dans cette structure encore assez informelle. Des textes ont été écrits, assez riches, et diffusés. Ils sont le reflet de l’unanimité de la communauté « savante » en face de tout ce qui nous est imposé aujourd’hui. Si la spécificité de chacune des associations participantes est évidemment sauvegardée, de même que leur possibilité de s’associer ou non à tel ou tel texte produit par le forum, il est certain que celui-ci constitue, par sa solidarité interne et sa très large représentativité, une sorte de poids lourd que ses interlocuteurs ne peuvent négliger qu’avec beaucoup plus de difficulté que quand ils reçoivent successivement les différentes associations venues leur présenter à la queue leu-leu des observations, des remontrances et des propositions pourtant largement identiques sur le fond. L’APLAES a tenu à être représentée jusqu’ici à toutes les sessions de ce « forum ». Elle fera tout ce qu’elle pourra afin que ce regroupement continue à évoluer et à s’organiser, ce qui n’est pas forcément facile.

 

3) Congrès de l’APLAES : préparation du congrès de Nantes ; prospective pour le congrès suivant.

En l’absence de Frédéric Le Blay, le Bureau examine le rapport d’étape qu’il a fait parvenir au secrétaire et au président.

Quelques remarques et interrogations sont formulées sur le document présenté :

- Il conviendra d’ajouter au programme le rapport financier.

- Il faudrait regrouper les activités propres à l’APLAES en plaçant les rapports moral et financier le même jour que la séance pédagogique. Cela permettra de mieux distinguer journée pédagogique et journée scientifique.

- Est-il possible d’intervertir les deux journées scientifique et pédagogique, en sorte de placer la journée pédagogique avant la journée scientifique ? Tel est le souhait du Bureau, qui est bien entendu à discuter avec les organisateurs.

- Marie-Françoise Marein s’interroge sur la place du banquet le samedi ; plusieurs collègues risquent de repartir le soir : ne faudrait-il pas le placer plutôt le vendredi ? Mais le Bureau comprend que les collègues nantais aient souhaité proposer chaque soir des réjouissances : la réception le vendredi, le banquet le samedi.

- Il conviendrait de présenter au Bureau un budget prévisionnel.

- Quels sont les noms des collègues nantais impliqués dans le comité organisateur ?

 

Frédéric Le Blay avait posé quelques questions d’organisation concrètes ; le Bureau y répond et Fabrice Poli se charge d’adresser à la section de Nantes ces réponses. Il revient ainsi aux organisateurs eux-mêmes et non au Bureau ou à son Président de faire les demandes de subventions locales. En revanche, c’est le Président qui fait la demande de subvention au Ministère. Quant aux comptes du Congrès, c’est la section locale qui les gère, et non le Trésorier de l’APLAES ; libre à elle de trouver la structure financière la plus à même d’accueillir la gestion du Congrès (département de Lettres Classiques, association de langues anciennes…).

 

Jean-Yves Guillaumin invite le Bureau à réfléchir aux questions qu’il faudrait discuter au congrès de Nantes et aux orientations des discussions du Congrès. Il semble évident à tout le monde qu’une réflexion sur les masters et sur la formation des étudiants et des futurs professeurs s’impose. Il est ainsi décidé de lancer une enquête sur les masters, pour assurer des bases de discussion au Congrès. Elle pourrait prendre la forme suivante :

1. Quels sont vos effectifs pour la présente année universitaire en Masters recherche / enseignement ? quel est le volume horaire hebdomadaire ? quel en est le calendrier annuel ?

2. Quel est l’avis de vos étudiants ? vous semblent-ils contents de cette nouvelle structure ? sur les Masters ? sur les stages ? sur l’IUFM ?

3. Dans l’architecture actuelle de vos masters, quels sont les points forts et les points faibles de votre organisation ?

4. De manière générale, êtes-vous satisfaits de ce nouveau système ? Qu’avez-vous prévu de modifier pour remédier à d’éventuels dysfonctionnements ?

5. Quelle est la part des enseignements disciplinaires (français / latin-grec) et de l’IUFM dans ce volume horaire ?

6. Quelle est la nature du mémoire demandé dans le Master enseignement (rapport de stage, disciplinaire, recherche…) ?

Ce bilan servira de support aux débats lors du Congrès de Nantes.

Isabelle Cogitore et Fabrice Poli acceptent de rédiger le texte définitif de l’enquête. Les secrétaires de section devront répondre d’ici au 19 mars 2011 (date du prochain Bureau) afin de laisser aux membres du Bureau le temps de synthétiser les réponses avant le Congrès.

 

Pour le congrès 2012, il reste à trouver un lieu et des organisateurs.

 

4) Préparation du Comité de l’après-midi. Projets de motions.

Le Bureau prépare le texte définitif de motions qu’il soumettra au Comité l’après-midi.

 

5) Questions diverses

- Dans l’organigramme de l’APLAES, il convient désormais de spécifier que Patrick Voisin est « secrétaire-adjoint pour les classes préparatoires ».

- Certains renouvellements seront à prévoir dans le Bureau à l’horizon du Congrès de Nantes.

- Les rapports avec l’Afrique : l’APLAES a un correspondant en Côte d’Ivoire, M. Grékou, mais à Dakar les études de langues anciennes sont remarquablement vivantes, et l’on pourrait aussi solliciter des collègues de là-bas, comme Pierre Sarr, Professeur de Latin.

- Le Bureau décide de commencer, à partir du mois de mars, ses réunions à 10h et de les prolonger l’après-midi afin de garder plus de temps pour les discussions.

 

La séance est levée à 12h30.