Fragments d’un discours architectural : l’architecture dans la littérature du Ier s. av. J.-C.
Institut de Recherche sur l’Architecture Antique (CNRS/AMU)
Centre Paul-Albert Février (CPAF/TDMAM, CNRS/AMU)
Gaëlle VIARD
Cécile DURVYE
Le Ier s. av. J.-C. est à Rome le moment d’un développement architectural remarquable, la ville s’enrichissant d’un grand nombre d’édifices monumentaux qui en transforment la physionomie. Le même siècle voit la naissance d’une nouvelle littérature latine, intégrant et adaptant les modèles grecs pour créer des courants proprement romains. En cette période d’éclosion commune de genres architecturaux et littéraires neufs, comment les textes rendent-ils compte des réalités et des nouveautés architecturales de leur temps ?
Pour saisir dans les textes le reflet des édifices, on ne peut faire l’économie d’une histoire de la description. Au Ier s. apr. J.-C., la notion d’ekphrasis est formalisée par Aelius Théon en tant que discours descriptif destiné à « faire voir » par la parole une scène ou un objet, de sorte que l’auditeur ou le lecteur en devienne spectateur. Cette définition de la description comme un procédé littéraire relativement bien identifié ne semble pas avoir eu cours au siècle précédent : à l'époque dont nous traitons, la description est librement utilisée dans toute sorte de textes et n’apparaît pas nécessairement comme relevant d’une catégorie discursive déterminée. Aussi faudra-t-il prendre en compte, dans l’étude des descriptions architecturales, l’emploi que chaque auteur fait de la description en général.
Dans le corpus hétérogène des textes du Ier s. av. J.-C., les descriptions ou évocations descriptives de monuments prennent des formes et remplissent des fonctions diverses. Seul Vitruve propose un texte dédié à l’architecture, mais dont l’enjeu est moins de « faire voir » que de « faire construire », le projet du De Architectura étant essentiellement prescriptif. A cette exception près, les textes présentent des objets architecturaux évoqués tantôt en fonction de leur valeur d’usage (en tant que lieu de vie, que décor), tantôt dans une perspective informative (la description permettant au lecteur de connaître l’objet sans l’avoir devant les yeux), tantôt selon des valeurs symboliques, analogiques ou esthétiques. Ces diverses fonctions et valeurs se trouvent aussi bien dans la poésie (Virgile, Horace, Tibulle, Properce, Ovide, Catulle) que dans la prose, aussi bien chez les historiens (César, Cornélius Népos, Salluste, Tite-Live, Diodore de Sicile, Denys d’Halicarnasse) et les géographes (Strabon) que chez les encyclopédistes ou grammairiens (Varron), les rhéteurs (Rhétorique à Herennius) ou les philosophes (Cicéron, Lucrèce). L’étude des formes et des fonctions que revêt la description architecturale dans ces divers genres permet-elle de mesurer d’une part l’influence qu’a pu avoir sur la littérature le développement contemporain de l’architecture, d’autre part la place qu’occupe l’architecture dans cette littérature descriptive ?
Les communications porteront sur les auteurs du Ier siècle av. J.-C. et traiteront soit ponctuellement d’une description étendue, soit globalement de la place des descriptions architecturales dans une oeuvre ou chez un auteur ; elles prendront en compte la forme adoptée par ces descriptions et l’enjeu qu’elles représentent dans le contexte de l’oeuvre.
La date prévue pour la journée est le vendredi 29 avril 2016 ; elle est susceptible de modification selon la disponibilité des orateurs. Les propositions sont attendues pour le 15 octobre. Elles sont à envoyer à l’une des deux organisatrices :
Gaëlle VIARD : gaelle.viard@dbmail.com
Cécile DURVYE : durvye@mmsh.univ-aix.fr
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