Lettres d'Alciphron
BCL-UMR7320 (Univ. Nice Sophia Antipolis)
Institut Universitaire de France
CEPAM-UMR7264 (Univ. Nice Sophia Antipolis)
Michèle BIRAUD
Arnaud ZUCKER
Les Lettres d’Alciphron : la possibilité d’une œuvre
Université Nice Sophia Antipolis
10 & 11 juin 2016
Beaucoup d’ouvrages sont parus au cours des dix dernières années sur la littérature épistolaire, mais aucun n’est spécifiquement consacré aux Lettres d’Alciphron. Les études sur son recueil portent généralement sur l’intertextualité ou les sources de certaines lettres, sur la question de la priorité entre Alciphron et Lucien, ou encore considèrent l’œuvre de manière documentaire. Parmi les grands épistolographes fictifs à peu près contemporains (Philostrate, Elien), Alciphron est le moins considéré et certains l’ont conçu comme un « rhéteur maudit » (Vieillefond), un navrant et décadent héritier, bon seulement à mimer poliment une Athènes classique et artificielle dans un dispositif laborieux voire aléatoire.
Il est vrai que les quatre types sociaux qu’éclairent les lettres imaginaires de cette collection ont conduit à rapporter les croquis d’Alciphron à la psychologie de la comédie nouvelle, dont il proposerait une transposition en archipel. Mais cela n’exclut pas de rechercher d’autres domaines d’intertextualité. Quels liens, par exemple, ont ces lettres souvent brèves avec les épigrammes, qui fréquemment mentionnent des situations ou des personnages similaires ? Peut-on envisager des échos avec les poésies bucolique, satirique ou érotique de l’époque hellénistique et du début de l’Empire ? Quelle place cette œuvre fait-elle à des registres pseudo-populaires, tels que la proverbialité, ou aux jeux de mots ?
On a souvent insisté sur la disparate de ce recueil, en raison des tonalités diverses qui s’expriment dans les lettres, mais aussi à cause des variations du contour et du contenu même du livre dans la transmission manuscrite. En adoptant une perspective critique plus positive, ce colloque sur Alciphron entend mesurer l’originalité de ces Lettres, prises comme une œuvre véritable et unifiée, en créditant l’ouvrage d’une densité littéraire. Alciphron a-t-il créé un Livre de lettres (epistolary book) comme on parle d’un Livre de poèmes (poetic book) , c'est-à-dire une œuvre unifiée, en plusieurs tomes, dont les pièces seraient agencées dans une composition élaborée (qu’il s’agisse d’une architecture rigoureuse ou d’une poikilia chatoyante) ? Existe-t-il un ou plusieurs types d’énonciation et de narrativité caractéristiques de cet auteur ? Peut-on parler d’un style qui lui soit propre, par exemple par l’usage privilégié de certaines figures rhétoriques, de constructions équilibrées, de certains agencements rythmiques ? Que peut-on percevoir, qu’a-t-on perçu au-delà du jeu littéraire que constitue une fiction épistolaire qui revisite le passé à travers le prisme des œuvres anciennes ? Voilà quelques pistes parmi celles qui doivent guider cette rencontre autour d’une œuvre tendue entre réécriture et innovation.
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